Give violence a chance / Paris

11.03.2017 - 22.04.2017 Vernissage 11.03.2017



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STEPHANE BERARD - GIVE VIOLENCE A CHANCE
11.03 - 22.04.2017

Vernissage/Opening : 11.03 // 17h-21h



Stéphane Bérard (1966, Lille) développe une œuvre polymorphe où l'invention est un mode d'intervention critique. Stéphane Bérard commence par publier en revues des poèmes notamment dans la revue TXT en 1991. Très vite, il expérimente la performance aux formats extrêmement courts (interventions de quelques secondes seulement). Puis développe une pratique protéiforme et processuelle d'entre tous les secteurs que l'art a investi au tournant du siècle (design, mode, architecture, cinéma, son & chanson).

Objets, sculptures, prototypes, croquis, esquisses occupent l'essentiel du corpus. Les accrochages de Stéphane Bérard témoignent d'une véritable attention esthétique, d'une économie et d'une élégance qui contraste à dessein avec la brutalité usuelle des matériaux employés avec les énoncés précis par lesquels il refonde et augmente les fonctions d'objets.
Au croisement de la littérature, de la performance, du film, de la poésie, mais aussi de la musique, Stéphane Bérard, en vingt ans, a réalisé sept longs métrages, sept albums, cinq livres, une multitude de performances, de collaborations ainsi qu'une dizaine d'expositions personnelles.

 


Anticiper l’embarras - Par Pedro Morais

 

[…] La conscience que le réel n’a pas besoin d’être aidé par la poésie, à en être révélé par elle, encore moins sublimé. Courage, prenons le réel dans la gueule, la bagarre et le soleil. Là il faudra malgré tout que je rajoute un nom, celui du philosophe Jean-Pierre Cometti, son complice, qui a été l’un des plus radicaux pourfendeurs des mythes de l’intériorité, des arrières-mondes de « l’intuition » et de la subjectivité fétichisé (en philo comme en art). Dans un monde de l’art qui vit dans la peur du slogan, du premier degré, de se trouver nu après tant d’efforts à construire des belles cathédrales de métaphores et triple sens, ce serait inconvenant. Mais voilà que Stéphane Bérard n’a jamais fait secret de son grand sens, élevé, de l’irresponsabilité.

Oui, la voiture de police renversée dans la galerie devient une « machine à rêver »:
la Dream Machine de Brion Gysin trouve ici une dimension plus prosaïque, plus urgente, mais qui n’empêchera pas, bien entendu, la contemplation (ou même la relaxation, selon les voeux de l’artiste). Pour atténuer les dégâts éventuels, ou les frayeurs, une petite musique vous sera dispensée, à l’aide d’un carillon d’entrée de magasin, installé à côté, pour accompagner vos achats et signatures de chèques, très recommandés.

Dans la cave de la galerie, quelques films, des « chansons réalistes » dans ses mots, mobilisent nos meilleurs instincts de révolte avec un sens certain du pragmatisme et toutes les nuances de la violence organisée. Stéphane Bérard est un lecteur passionné de Félix Fénéon, critique d’art accusé de complicité dans un attentat anarchiste, ayant ridiculisé le tribunal avec un sens cinglant de l’ironie, mais surtout l’auteur des brèves caustiques du journal Le Matin compilées dans « Les Nouvelles en trois lignes » (1906). Dans ses dessins, Bérard expose des alternatives à des situations quotidiennes qui ne font que mettre en évidence l’absurdité avec laquelle on s’acharne à garder cette version du réel. Pour lui comme pour Fénéon, le monde tient du fait divers, ça a mal tourné. Soyons à la hauteur irresponsable de ce désastre.  

 
//ENG//


Stéphane Bérard (1966, Lille) develops a polymorph artwork where the invention itself represents a method of critical intervention. Stéphane Bérard begins his career with publishing poems in journals, for example in the TXT Revue in 1991. Quickly, he discovers performance art characterised by very short set-ups (the interventions are lasting only a few seconds). Subsequently, he develops a protean and process-related practice by integrating all sectors that art has ever invested in during this century (design, fashion, architecture, cinema, music).

Objects, sculptures, prototypes, sketches and drafts are taking up the biggest part in his collection. The hangings of Stéphane Bérard are expressing a veritable esthetical attention: an economy and an elegance that are deliberately contrasting with the usual brutality of the materials that are used with specific statements. More precisely, the artist uses them to rebuild and increase the functions of the objects. At the junction of literature, performance, film, poetry and even music, Stéphane Bérard realised, within twenty years, seven long footages, seven albums, five books, a multitude of performances and collaborations and furthermore around ten solo shows.