Michel Aubry, Mircea Cantor, Kyle Cassidy, Yi-Fei Chen, Johanna Dahm, ECAL/Ecole cantonale d'art de Lausanne, Al Farrow, Sylvie Fleury, Parastou Forouhar, Susan Graham, Clara Ianni, An-Sofie Kesteleyn, Herlinde Koelbl, Charles Krafft, Claire Lieberman, Robert Longo, Gonçalo Mabunda, Raul Martinez, Jennifer Meridian, PostlerFerguson, Ted Noten, Mary O'Malley, Mai-Thu Perret, The Propeller Group, Antonio Riello, Edwin Sanchez, Lisa Sartorio, Philippe Starck, Sharif Waked, Brigitte Zieger, Ralph Ziman
Avec ligne de mire, le mudac s'intéresse à l'univers des armes à feu, sujet de société sensible, en l'observant par le prisme du design et de la création contemporaine.
Première exposition du genre en Suisse, elle questionne les relations paradoxales que nous entretenons avec ces objets ambigus, aussi fascinants que répulsifs, pulsionnels que meurtriers.
Dans la conception même des armes à feu, le rôle du designer est central et la fonctionnalité du design bien particulière. Une arme est en effet avant tout un moyen au service d'une fin : elle a pour objectif de neutraliser le plus efficacement possible, et se doit d'être fiable, compacte, légère, ergonomique, durable, parfois esthétique, et de plus en plus, intelligente. Au cours de nos recherches de plus de deux années, la question du design létal s'est heurtée au mutisme de l'industrie de l'armement : au-delà du secret lié aux nouvelles technologies, communiquer sur les développements de la fonctionnalité d'une arme à feu ne semble pas acceptable pour les producteurs. Et de manière plus générale, évoquer la relation entre design et violence reste souvent tabou. D'autres contextes sont plus porteurs en termes de communication : des enjeux tels que l'écologie, les interactions sociales ou encore la gestion du Big Data sont en effet plus faciles à valoriser que, par exemple, le développement d'une arme dotée d'une intelligence artificielle, capable à l'aide d'un système de reconnaissance faciale de trouver sa cible et décider en toute autonomie de tirer.
Le constat est pourtant sans appel : l'arme à feu laisse rarement indifférent. Peu d'objets provoquent des sentiments aussi contrastés, allant de l'aversion la plus profonde à une fascination morbide ? cette appréhension étant souvent liée au contexte socioculturel dans lequel nous avons grandi. Mais quelle que soit notre position, l'arme colonise notre quotidien et notre imaginaire par d'innombrables images et représentations, que ce soit au travers des médias, des films ou des objets qui nous entourent. Tour à tour, elle est engin de guerre, mécanisme d'agression individuelle ou collective, symbole de pouvoir et de violence, objet de trafics à grande échelle, produit d'économies parallèles, mais également élément de décoration. Motif iconographique, l'arme agit comme un signe qui rappelle notre présence éphémère et notre fragilité.
L'exposition s'articule en plusieurs secteurs dont les titres de chapitre se réfèrent spécifiquement au champ lexical des armes, allant de la réappropriation du mythique AK-47 (Kalachnikov) par les designers et artistes à des travaux qui recyclent les différents éléments constitutifs des armes à feu de manière inattendue, spectaculaire et engagée. Jouant sur la matière, les formes ou encore les genres, ligne de mire propose d'engager une réflexion approfondie sur ce fait sociétal majeur et complexe. L'exposition se conclut par une salle de documentation conçue en partenariat avec Small Arms Survey, ONG basée à Genève qui se charge de recueillir des données sur la circulation des armes légères et la violence armée au niveau international.
La scénographie a été conçue par l'atelier d'architecture lausannois T-Rex & Cute Cut et le graphisme par Aurèle Sack, enseignant à l'ECAL. Un catalogue bilingue (français/anglais) richement illustré, comprenant des textes de chercheurs, anthropologue, historien de l'art ou scientifique, sera édité à l'occasion de l'exposition.
Âge conseillé : 12 ans