- STEPHANE BÉRARD,
- Werner BÜTTNER,
- OLIVIER DOLLINGER,
- Raymond HAINS,
- Thomas Hirschhorn,
- JAN KOPP,
- Rainier Lericolais,
- Anita Molinero,
- MAN RAY,
- France Valliccioni
Collage ou l'âge de la colle / Paris
14.09.2013 - 18.10.2013
"Collage ou l'âge de la colle" est une exposition thématique qui regroupe des oeuvres d'artistes du 20 ème et 21 ème siècle autour du « collage » ou de la « colle », avec des oeuvres de : STÉPHANE BERARD, WERNER BÜTTNER, OLIVIER DOLLINGER, RAYMOND HAINS, THOMAS HIRSCHHORN, JAN KOPP, RAINIER LERICOLAIS, MAN RAY, ANITA MOLINERO, FRANCE VALLICCIONI
L’exposition Collage ou l’âge de la colle présente des œuvres à la fois modernes et contemporaines. Elle prend comme point de départ l’œuvre de Man Ray, intitulée Collage ou âge de la colle (1935-1970). Il s’agit d’un assemblage de plusieurs éléments du quotidien : règle, équerre en bois, photographies de mannequins en bois articulés, mètre à rouleau en métal, et authentique colle recouvrant une bonne partie de l’œuvre, opérant un lien visuel entre les différents éléments. A cette œuvre moderne répond des œuvres d’artistes contemporains. Les œuvres témoignent d’une conception « élargie » du collage. Si elles ne font pas forcément usage de la colle, elles évoquent des processus permis par son usage : l’assemblage, la superposition, l’accumulation des images, le montage ou encore la partie inverse du collage, le « décollage ».
De la rue, est visible l’œuvre de France Valliccioni. Ah, tout de même(2013). Invitée pour l’exposition, l’artiste a réalisé sur la vitre de la galerie une installation, qui assemble des éléments disparates. Comme dans beaucoup de ses installations, l’humour, le jeu avec le lieu et les matériaux, prédominent.
Pour l’exposition est présentée aussi l’œuvre lumineuse d’Olivier Dollinger Global Sunset (2008). L’artiste superpose dans un caisson lumineux des photographies de couchers de soleil. L’accumulation de ces images prises sur internet entremêle les photographies entre elles, et donne paradoxalement au tableau final une profondeur et une picturalité inattendue.
A la gauche de Global Sunset, on trouve Smile (1990) de Thomas Hirschhorn,composée d’un scotch jaune, d’une balle de tennis en mousse et d’une éponge. Cette œuvre peut évoquer un paysage ensoleillé. Le titre, écrit directement dans le collage,donne à la pièce un aspect ludique et humoristique.
Au sol, est visible l’œuvre de Stéphane Bérard Vingt siècles de maladresses, 2003. Cette pièce est composée de tessons et fragments de poteries de l’époque gallo-romaine, du XVème, XVIème, XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, glanés dans les Alpes de Haute-Provence. Ces morceaux de poterie, habituellement observés dans un contexte muséal, grâce au titre empreint d’humour, prennent une autre dimension. L’artiste remet en question le caractère sacré des objets archéologiques, en les replaçant dans un contexte quotidien et humain. A gauche de l’œuvre de Man Ray, sont présentés deux collages de Werner Büttner : O.T (Käferlotse), réalisé en 2000 et Purée familiale (2003-2006). Peintre, sculpteur, écrivain allemand, proche de Martin Kippenberger et Albert Oehlen, Werner Büttner est l’auteur d’une oeuvre pleine de lucidité et de poésie. Il puise dans la littérature, les tabloïds, les magazines ou les livres d’art. Dans la lignée de l’esprit Dada, il réalise des collages à l’humour incisif.
Dans un second temps est présentée l’œuvre d’Anita Molinero, Sans titre, 2007. Composée de polystyrène, de film étirable rose, de vénilia blanc, elle est davantage une évocation du matériau de la « colle » et ses potentialités. La colle a un caractère fascinant dans sa possibilité de s’agglutiner, s’agglomérer, s’accumuler, ou couler. Dans le mouvement du Process Art ou de l’Anti-Form, les artistes ont exploré dans les années 60 les potentialités formelles de certains matériaux. A sa droite est montrée une œuvre de Raymond Hains, Musée miniature, diptyque réalisé en 1976, une affiche lacérée sur tôle. Dans la continuité des artistes dada, Raymond Hains va s’intéresser au réel, et plus particulièrement à la ville et aux affiches des panneaux publicitaires. Son action va être d’en prélever des fragments, les recadrer. Face à Musée miniature de Raymond Hains est visible l’œuvre de Jan Kopp, Carton gratté grand bleu, réalisée en 2013. L’artiste prélève dans notre environnement des objets sur lesquels il va opérer. Il choisit des cartons et papiers d’emballage de produits de consommation courante, dont il déplie les parties. Le volume devient une surface que Jan Kopp va mettre en valeur, transformer en la grattant, en la repeignant par endroits avec des couleurs vives. L’«envers du décor » du produit de consommation nous est dévoilée, dans ses composantes les plus simples, matière et couleur.
Dans Les Elégantes (2004), Rainier Lericolais puise ses images dans des magazines, dans des photographies de mode pour dessiner ses « élégantes ». Rainier Lericolais joue avec la perception. On ne perçoit pas de prime abord que ces figures sont tracées avec de la colle. L’aspect ordinaire du matériau s’efface devant la délicatesse et l’évanescence des figures féminines.
Au sous-sol, nous découvrons le film Les ongles noirs, réalisé par Stéphane Bérard (2002). sDétournant le documentaire, l’artiste, à la fois plasticien, écrivain, cinéaste, réalise une saga loufoque sur la vie d’artiste et le milieu de l’art, en puisant dans son quotidien, et en filmant ses proches, amis, personnes de sa famille. Stéphane Bérard a un style, une manière de « monter » qui n’appartient qu’à lui. Son montage cinématographique lui permet bien de « coller » ou d’assembler des séquences qui, à première vue, n’ont pas de logique apparente.
Werner Büttner : “Le collage te surprend plus qu'un dessin fantaisiste. Tu déplaces des images découpées ci et là, jusqu'à obtenir un résultat où tu te dis ; « waouh, ça, ce n'était pas prévisible ». Car ta propre fantaisie est prévisible, finale, limitée. Mais quand tu travailles avec la fantaisie des autres, tu augmentes les possibilités jusqu'à arriver à un résultat étonnant. Tu peux surmonter tes limites et progresser. N'est-ce pas séduisant ?”
WERNER BÜTTNER, Kunstforum, janvier 2012. Extrait d’un entretien avec Oliver Zybok, traduction de l'allemand par Nelly Vicich.
Claire Renier