Antichambres / Paris

09.09.2011 - 29.10.2011 Vernissage 08.09.2011



Dossier de presse : pdf press release
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Philippe Bazin présente ici deux séries de son travail photographique, témoignant de cette puissante relation entre esthétique et politique qui en fait le noeud. Antichambres d`une part, Les Présidents de l?autre.
La force visuelle des images, la rigueur des lignes, l?acidité des couleurs, imposent la série des Antichambres, où la construction de l?espace, laissant place à la circulation des vides, ne s?y laisse jamais aspirer. Elles ont été saisies en Pologne, dans les lieux d?asile ou de rétention des migrants tchétchènes, et entrent en résonance avec le texte de Christiane Vollaire qui présente la part philosophique de ce travail mené en tandem.
La forme parfaitement ciblée de l?esthétique documentaire y prend à contre-pied les standards visuels de la photo de reportage, chaque image s?affirmant à la fois dans son autonomie et dans sa relation à la série, pour créer un système de mise à distance de ces espaces inappropriables. Ils sont scandés en trois moments, initiés chacun, dans un écho à l?oeuvre de Piranèse, par une descente d?escalier : tonalités colorées et dispositif aléatoire des textures dans le cadre des chambres familiales ; austérité des salles communes séparées par le gris des couvertures ; géométrie sans alternative des cellules de rétention. Toute figure en est absente.
En contrepoint de ces espaces précarisés, la série Les Présidents fait apparaître ces figures tutélaires de la sédentarité nationale, surgissant à tour de rôle dans la lumière de la projection. Photographies officielles des Présidents de la République française recadrées sur les visages, elles sont ici confrontées à ces lieux de nulle part que construisent les politiques migratoires.
Aux Etats-Unis autour des lieux de l?abolitionnisme, en Finlande autour de l?architecture d?Alvar Aalto, au Portugal autour des chantiers du port, sur le territoire français comme ailleurs, l?oeuvre de Philippe Bazin ne cesse de susciter la question du commun, dans la direction des regards comme dans l?ordre des espaces. Mais jamais l?austère beauté des images n?y masque la violence du réel : elle ne fait au contraire que s?en saisir avec une redoutable subtilité.